Longtemps, en Europe, le roi des animaux ne fut pas le lion mais l'ours.
Dès les premiers temps du christianisme, l'Église s'efforça de faire descendre de son trône l'ours. Comment ? D'abord en le diabolisant : l'ours avait alors tous les vices (colère, violence, luxure, goinfrerie, envie, paresse, sottise). Puis en domptant l'ours. Ou encore en le ridiculisant, en le transformant en bête de cirque. Enfin, à partir de l'époque carolingienne, l'Église a voulu promouvoir le lion, qui était déjà le roi des animaux pour des peuples de la Bible.
En interrogeant les sources de natures diverses (lexiques, noms propres, documents archéologiques, etc.), le livre retrace l'histoire de cette désacralisation de l'ours et de son remplacement par le lion sur le trône animal. M. Pastoureau ne s'arrête pas à l'aube de la Renaissance mais étudie un certain nombre de survivances de l'ancienne dignité royale de l'ours dans l'Europe moderne et contemporaine. Le livre se termine par le chapitre sur l'ours en peluche qui, plus que tout autre, met en valeur la remarquable dimension anthropomorphe de cet animal : de même que l'homme du Paléolithique partageait sa caverne avec l'ours, de même l'enfant du XXIe siècle partage son lit avec un ourson, son double, son frère, son dieu.
Cet ouvrage n'est ni un livre de zoologie, ni un travail d'anthropologie, même si ces deux disciplines ont largement été mises à contribution, mais bien un livre d'histoire, construit autour d'un plan chronologique et insistant sur les périodes de mutation, notamment le Moyen Age central (XIe - XIIIe siècle). Mutation des relations entre l'homme et l'ours, mais aussi mutation de tous les systèmes de valeurs et faits de sensibilité articulés autour du monde animal. Même si l'ours est la vedette de cette étude, il est impossible d'en parler isolément. Il faut le replacer dans une problématique plus large dont le point focal n'est pas la bête mais l'homme vivant en société, objet premier de toute enquête historique.
Michel Pastoureau, historiador, archivista y paleógrafo francés, realizó sus estudios en la École des Chartes, donde se graduó en 1972 con una tesis sobre el bestiario heráldico en la Edad Media. Es director de estudios en la École Pratique des Hautes Études en la Sorbona, donde desde 1983 ocupa la cátedra de Historia de la simbólica occidental. Ha recibido un doctorado Honoris Causa por la Universidad de Lausanne en 1996. Es autor de más de treinta libros dedicados a la historia de los colores, de los animales y de los símbolos y es miembro de la Academia Internacional de Heráldica y vicepresidente de la Sociedad Francesa de Heráldica
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