La mort, quand elle frappe un être cher, quand on est soi-même dans l'attente de sa venue et qu'on se débat dans l'espérance de survivre , pourrait, elle, susciter une réflexion plus directe, issue des fibres mêmes d'une existence meurtrie, et n'exiger ni détours ni médiations. Mais ce n'est pas le cas. Pour la saisir , il faut d'abord pénétrer le halo dont la culture l'a entourée, ôter ce que la mémoire et l'imagination en dissimulent ou les excès de sens qu'elles y ajoutent, retrouver ce qui d'elle s'est déposé dans les textes, de survivants des camps d'extermination (Semprun, Levi), de mystiques (Maître Eckhart), d'exégètes bibliques (Xavier Léon-Dufour), de poètes... C'est ce que montrent Vivant jusqu'à la mort et Fragments, une série de textes inédits (ébauches, brouillons) retrouvés dans les papiers de Paul Ricoeur et publiés posthumes aujourd'hui... Que signifie passer de la mort à la vie , quand on va mourir, et quand on ne fait aucune concession à l'imaginaire de la survie ? Cela signifie être vivant jusqu'à la mort , être vivant jusque dans la mort, mourir au bénéfice de ce que Paul Ricoeur nomme le report de notre désir de vivre sur les autres, nos survivants, ou le transfert sur l'autre de l'amour de la vie .
Robert Maggiori - Libération du 29 mars 2007
Nacido en Valence (Francia), fue profesor de Historia de la Filosofía en la Universidad de Estrasburgo (1948-1957) y profesor de Filosofía en la Universidad de la Sorbona (1957-1967), enseñando después en la Universidad de París-Nanterre hasta 1987. En 1970 pasó a formar parte del Departamento de Teología de la Universidad de Chicago. <br>La educación filosófica de Ric ur está vinculada desde muy temprano a los nombres de Husserl, Heidegger, Jaspers y Marcel. En 1939 fue hecho prisionero y pasó la guerra en diferentes campos de concentración. Este acontecimiento marcará su vida y su obra con una obsesiva interrogación sobre el problema del mal, la falta y el sufrimiento. Su compromiso religioso y su formación intelectual caminaron siempre juntos, pero dentro de una estricta división del trabajo: la exégesis bíblica, por un lado, y el quehacer filosófico, por otro.<br>Autor de una vasta y polifacética obra, su contribución a la elaboración y desarrollo de la teoría hermenéutica le convierte en uno de los artífices de lo que se conoce como el giro interpretativo de la filosofía . Entre sus numerosos títulos traducidos al castellano cabe destacar: La metáfora viva (2001); Caminos del reconocimiento (2005); Lo Justo 2 (2008); La memoria, la historia, el olvido (22010); Finitud y culpabilidad (22011), Amor y justicia (2011), En torno al psicoanálisis (2013) y Hermenéutica (2017), todos ellos publicados en esta misma Editorial.
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