Une saga moscovite

Une saga moscovite

Axionov, Vassili

Editorial Folio-Gallimard
Fecha de edición junio 2005

Idioma francés

EAN 9782070402229
Encuadernación en tapa blanda


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P.V.P.  14,60 €

Sin ejemplares (se puede encargar)

Resumen del libro

Critique de Le Monde



Le 22 Août 1997


La fiction du communisme
Comment apprécier le degré de compromission d'une population avec un régime criminel qui s'est imposé aux âmes et aux corps par la peur de la souffrance physique et par la torture ? La question reste posée tout au long de cette Saga moscovite, qui raconte la vie mouvementée d'une dynastie médicale, les Gradov, dans la Russie soviétique des années 1924 à 1953 (1). Au milieu du roman, l'un des personnages principaux, le patriarche Boris Nikitovitch Gradov, excédé par la surveillance policière dont sa villa de privilégié du régime fait l'objet, se demande si c'est un destin pour un homme de se faire mouchard. Tel est pourtant celui de tous y compris de lui-même, dans un univers où personne n'est en mesure de conserver les mains propres. Boris Gradov participe ainsi, dès la fin des années 20, à l'assassinat médical d'un des rivaux potentiels de Staline. La fin du livre correspond certes à son " rachat ", quand il ose prendre publiquement la défense des médecins juifs menacés par l'ultime accès de paranoïa stalinienne, au temps du " complot des blouses blanches ". Mais la rédemption de Gradov n'aura pas la grandeur mystique de celle de Raskolnikov dans Crime et châtiment. Elle laisse au contraire le goût amer des mémoires mal digérées, comme est celle du communisme dans l'ex-URSS, trop souvent réduit à une parenthèse malheureuse de l'histoire de la " Russie éternelle ".
Vassili Axionov n'hésite pas à emprunter explicitement au registre des autres épopées romanesques russes, y compris sur le mode de la parodie, comme s'il avait voulu faire la grande synthèse des récits inspirés par l'histoire. Il y a du Guerre et Paix dans cette Saga moscovite, comme on peut y trouver également Une journée d'Ivan Denissovitch, ou bien Vie et destin. Mais il s'y mêle un ton sarcastique, un intérêt certain pour la sexualité des personnages, et surtout le constat que la période communiste, dont Axionov remarque qu'elle aura eu la durée de vie d'un organisme humain, est désormais close.
De cette époque, bien des figures ont été intégrées au roman. Dans des pages inoubliables de truculence tragique, Boris Gradov se voit par exemple appelé au chevet du " Maître " Staline victime d'une effroyable constipation. Mais s'il est un lieu où la déformation de l'histoire se niche, c'est moins dans le récit romanesque lui-même que dans les journaux, soviétiques ou occidentaux, contemporains de la période, dont Axionov cite, non sans cruauté, de savoureux extraits. Comme si c'était dans la presse du temps, et non dans la création littéraire, que le degré maximum de fiction avait été atteint.
Pris dans la nasse du mensonge et de la terreur, les personnages d'une Saga moscovite vivent leur vie sans que jamais leurs actes aient la moindre incidence sur le cours des événements. Leurs velléités de révolte sont de si faibles conséquences que la police politique les ignore en général. Ainsi le second fils de Boris Gradov, communiste orthodoxe que sa fidélité au parti n'empêche pas de sombrer dans les purges de la " grande terreur " de 1937, parvient-il à écouter clandestinement, au début des années 50, la Voice of America à Magadan, dans la capitale du Goulag. Et pourtant, jamais cette menée " subversive " n'intéresse les bourreaux qui l'arrêtent une seconde fois, et le frappent pour la forme. La bête ne broie ses victimes ni pour leurs mérites ni pour leurs fautes. Elle a sa propre logique qui est celle de l'arbitraire. A sa façon, le roman d'Axionov illustre la thèse de ceux qui, d'Orwell à François Furet, ont attribué le succès de l'idée communiste à sa capacité à s'ériger en justification théorique du pouvoir absolu.
Et cependant Axionov croit devoir conserver une certaine tendresse pour ceux " qui y ont cru ". L'un des personnages les plus attachants du roman est ainsi Tsilia, chez qui il n'est pas difficile de reconnaître certains traits empruntés à la propre mère de l'auteur, la poétesse Evguenia Guinzbourg. Malgré les ridicules de son accoutrement, l'odeur d'ail ou de saleté qu'elle dégage et le caractère lamentable de son destin, c'est bien elle, la professionnelle du marxisme-léninisme, qui finit par incarner sur un mode quasi romantique la pureté d'un idéal qui n'est pas de ce monde où elle trébuche sans cesse, au propre comme au figuré, ainsi que les vertus de l'humanisme. Les autres, en hommes du XXe siècle, malgré le courage militaire ou sportif dont ils peuvent se montrer capables, vivent souvent sans grandeur et périssent sans gloire.





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