S'il existait une école du regard , Ernst Jünger en serait le maître. Mais c'est déjà trop dire, car rien n'est plus étranger à sa nature que de légiférer ou de se poser en modèle littéraire. La seule société d'initiés dont il se réclame est celle, limitée et subtile, des entomologistes. Pour le reste, ce qui domine chez lui en cette ouvre tardive, c'est l'ouverture au monde, aux cultures, aux êtres et aux livres.
La richesse de sa méditation n'est pas moins grande que lorsqu'elle était portée par l'expérience de la guerre et des grandes catastrophes historiques. L'explosion de la nature printanière, une promenade à Venise, la lettre d'un ami suffisent à la nourrir. Éros et Thanatos sont toujours présents ; mais à travers l'écriture transparente du grand âge, la mort s'est comme apprivoisée. Défiant le temps qui s'écoule de plus en plus vite, le journal affirme jour après jour la permanence créatrice du geste de l'écrivain. Julien Hervier.
Ernst Jünger nació en Heidelberg en 1895 y murió en 1998. Incorporado como voluntario en la primera guerra mundial, fue herido varias veces y condecorado. En 1923 inició estudios de zoología y filosofía en la Universidad de Leipzig y, más tarde, se trasladó a Berlín, donde empezó a consolidar su carrera como escritor. En 1941 entró a formar parte del alto mando alemán en París, aunque un año después el régimen nazi prohibió la publicación de sus obras. Los diarios contenidos en Radiaciones I y II reflejan magistralmente la experiencia de esos difíciles años. Finalizada la guerra, Jünger combinó las estancias en la pequeña localidad suaba de Wilflingen con viajes por medio mundo y con la redacción de un conjunto de novelas, ensayos y diarios que le han convertido en uno de los testigos más lúcidos, apasionantes y controvertidos de nuestra época.
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