Il y a vingt ans, mon premier Manifeste pour la philosophie s'élevait contre l'annonce, partout répandue, de la fin de la philosophie. A cette problématique de la fin, je proposais de substituer le mot d'ordre : un pas de plus .
La situation a bien changé. Si la philosophie était à l'époque menacée dans son existence, on pourrait soutenir aujourd'hui qu'elle est tout aussi menacée, mais pour une raison inverse : elle est dotée d'une existence artificielle excessive. Singulièrement en France, la philosophie est partout. Elle sert de raison sociale à différents paladins médiatiques. Elle anime des cafés et des officines de remise en forme. Elle a ses magazines et ses gourous. Elle est universellement convoquée, des banques aux grandes commissions d'Etat, pour dire l'éthique, le droit et le devoir.
Tout le point est que par philosophie on entend désormais ce qui en est le plus antique ennemi : la morale conservatrice.
Mon second manifeste tente donc de démoraliser la philosophie, d'inverser le verdict qui la livre à la vacuité de philosophies aussi omniprésentes que serves. Il renoue avec ce qui, de quelques vérités éternelles, peut illuminer l'action. Illumination qui porte la philosophie bien au-delà de la figure de l'homme et de ses droits , bien au-delà de tout moralisme, là où, dans l'éclaircie de l'Idée, la vie devient tout autre chose que la survie.
Alain Badiou (Rabat, 1937) es uno de los filósofos contemporáneos más destacados e influyentes. Es también dramaturgo y novelista, profesor emérito en la Universidad de París VIII y de la École Normale Supérieure. Miembro fundador del Partido Socialista y participante activo del Mayo francés, su lucha política y filosófica se funda en la reinvención de políticas emancipatorias basadas en la autonomía y la igualdad. Es autor de numerosos libros, entre los que destacan El ser y el acontecimiento y Lógica de los mundos. Su obra está traducida a varias lenguas.
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