"A trois ans, je me savais un écrivain.
Je l'étais avant de naître." Des pages ardentes et vivaces de ce journal jaillit un véritable récit, celui d'années captivantes dans la vie de Viviane Forrester. Rue de Rivoli vibre la ruche où travaillent, se révèrent, se combattent Viviane et le peintre John Forrester, si liés, seuls ensemble parmi les autres. Heures amoureuses, affres de la rupture. "Rue de Rivoli" - ou comment se vit jour après jour la passion d'écrire, de " faire tout parler, même les virgules".
Comment se publie un premier livre. Comment résonnent des lectures et des lectures commentées avec une acuité surprenante. Comment tant d'enjeux émouvants, tant de voix, de silhouettes, tant d'autres destins viennent s'inscrire dans une seule destinée.
Viviane Forrester était née le 29 septembre 1925 dans une famille juive aisée. Elle a magnifiquement raconté dans Ce soir après la guerre (éd. JC Lattès, 1992) comment à 15 ans, à l'exode de luxe de la jeune Viviane Dreyfus, à l'insouciance des premiers jours dans le midi de la France, a succédé la conscience d'être soudain plus juive que française : "La lie de la terre, c'était nous".<br><br>Déjà, dix ans avant, dans Les Allées cavalières (Acropole, 1982), roman, mais surtout biographie de sa mère, Viviane Forrester évoquait la maison natale - où Debussy avait vécu et composé à loisir, et où il est mort. Elle n'avait jamais divorcé du peintre John Forrester, bien qu'ils se soient séparés après quelques années de vie commune qu'elle évoque dans ce qu'elle a publié de son journal intime, Rue de Rivoli 1966-1972 (Gallimard, 2011). Un couple d'artistes, non conformistes. Ensemble sans l'être vraiment, sauf quand viennent leurs amis, car il peint et elle, qui affirme avoir su dès son plus jeune âge qu'elle serait écrivain, travaille à ses premiers textes.<br>
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