Resumen del libro
Née à Shanghaï et transplantée tout d'abord à Montréal, puis à Vancouver, Ying Chen revient dans sa ville natale et décrit les transformations d'une ville qu'elle a connue en pleine révolution culturelle. Détestant toute forme de nationalisme, elle a opté pour la seule terre qu'elle connaisse et accepte, celle de la littérature. Son uvre se démarque de tout folklore, de toute chinoiserie , comme elle le dit ironiquement. Dans des textes précis et évocateurs, dans des lettres ouvertes à ses enfants et à un ami resté en Chine, elle donne son point de vue sur la littérature. Je deviens une feuille solitaire qui rêve de se replanter ailleurs. Mes ancêtres disaient que les feuilles mortes devaient rejoindre leurs racines. Mais je me refuse à un sort aussi naturel et aussi banal. Par un coup de vent capricieux, je me suis laissé emporter jusqu'en Occident. Je me glisse dans une autre langue et espère y renaître.
L'ensemble du recueil, qui rassemble des conférences, des analyses publiées en revues, un journal de voyage en Chine (accompagnant un film tourné sur elle, à Shanghai) et des textes inédits comporte 14 entrées, le texte le plus long, le carnet de voyage étant divisé en 9 parties. Dans tous ces textes, l'auteur explique pour quelles raisons elle a abandonné la Chine. L'idée de patrie lui fait horreur. Elle a un rapport au monde très particulier qui refuse, au fond, tout ancrage dans une réalité historique et spatiale donnée. Elle veut définir un univers strictement littéraire : c'est là son vrai exil, qui est un retour à elle-même.
Il n'empêche qu'elle évoque avec beaucoup d'acuité et de finesse, la révolution culturelle, la vie passée à Shanghai et dans la campagne, ses études, son apprentissage d'une autre culture. Elle analyse aussi ses propres livres et la façon dont ils ont été accueillis. On peut lire ce livre comme une extraordinaire introduction à son monde intérieur. C'est aussi un manifeste pour la littérature pure. Un hommage à Camus, surprenant, parcourt le livre.
Je n'ai aucun message à délivrer, aucune particularité chinoise à étaler. Je ne m'adresse pas au monde extérieur, mais m'achemine vers l'intérieur. Je veux simplement me rapprocher du moi, explorer tant bien que mal sa réalité évanescente et sans cesse renouvelée, descendre encore et encore dans la profondeur du moi, dans la profondeur de la terre où les frontières ne sont pas tracées, où la langue même n'est plus importante puisqu'on s'approche de l'essence de la langue - il m'arrive, quand les mots coulent bien, de ne plus savoir en quelle langue ils me viennent, tellement je suis transportée par le geste mécanique et presque inconscient de taper sur le clavier. Et c'est dans cet état-là que je souhaite pouvoir enfin rencontrer le moi en même temps que l'Autre.
Le titre fait allusion à une montagne chinoise