Resumen del libro
Marrakech, c'est la France.
Avec l'affaire DSK et la redécouverte du pacte de Marrakech , noué entre l'ancien directeur général du Fonds monétaire international et la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, la ville des confins du Sahara est apparue pour ce qu'elle est : une sorte d'enclave française à des milliers de kilomètres de Paris. La classe politique est surreprésentée dans l'ancienne cité impériale.
En décembre dernier, par exemple, entre les proches de Nicolas Sarkozy (Brice Hortefeux, Isabelle et Patrick Balkany), la gauche caviar (DSK et Anne Sinclair), les centristes esseulés (Hervé Morin, Jean-Louis Borloo) Marrakech affichait complet. Mais les élites qui s'y côtoient ne sont pas que politiques. Entre les riads de la vieille ville et les luxueuses villas cachées dans la palmeraie, tout le monde s'y retrouve : les vedettes du show-biz et les patrons du CAC 40, les stars des médias et les people .
Ne manque qu'un journal pour cette colonie de plusieurs milliers de Français. C'est que le mouvement de transhumance est plus vaste qu'il n'y paraît. Kech , comme les Français la surnomment, attire aussi une frange de la classe moyenne française, pour l'essentiel de jeunes retraités qui savent trouver là, outre un climat de rêve, des logements à des prix attractifs, un personnel attentionné et bon marché et une fiscalité qui fait de Marrakech un paradis fiscal.
L'attentat qui a récemment endeuillé la place Jamaa el Fna mettra-t-il un terme à l'expansion de cette ville hors sol ? C'est peu probable, pourtant elle accuse le coup. Car Marrakech illustre jusqu'à la caricature une réalité plus large : le Maroc est une colonie française déguisée, même si un roi au pouvoir absolu incarne le régime. Personne n'est dupe. Les principales entreprises marocaines sont détenues par des groupes français.
C'est vrai dans les télécommunications, la distribution, le BTP, l'hôtellerie. Paris forme les élites du royaume et porte à bout de bras la diplomatie marocaine. Sans l'appui de la France, il y a longtemps que le Sahara occidental, que se disputent le Polisario et Rabat, aurait acquis son indépendance. Ce soutien constant, c'est à Marrakech qu'il se mesure. La ville est le baromètre des relations entre la France et le Maroc.
Faire son portrait, c'est mettre à nu les liens anachroniques et déconcertants entre le royaume et l'ancienne puissance coloniale.