Dans ce document historique, Mihail Sebastian dresse un constat lucide et désespéré sur l'engagement à l'extrême droite de la majorité de l'intelligentsia de son pays pendant l'entre-deux-guerres. Couvrant les années 1935 à 1944, on y retrouve la quasi totalité des grandes figures, dont Cioran et Mircea Eliade, frayant gaiement avec la Garde de fer, sous la houlette de Nae Ionescu devenu à partir de 1934 le maître à penser officiel de ce mouvement fasciste.
Mihail Sebastian en fera lui-même les frais puisqu'il sera emprisonné dans les camps. Si ce journal éclaire une partie occultée de l'histoire de la Roumanie, il renvoie plus largement à la relation trouble que nombre de pays européens entretenaient avec le nazisme. Il décrit avec acuité la tragédie de l'Holocauste: si Primo Levi ou Imre Kertész ont immortalisé l'enfer du camp, le purgatoire de Sebastian, c'est sa chambre car il y vit cloîtré, sous la menace quotidienne d'une arrestation.
Seuls la musique, les lectures, l'amour lui permettent de surmonter l'angoisse et son journal s'en nourrit passionnément.
p Mihail Sebastian (Braila, 1907 Bucarest, 1945) fue uno de los grandes intelectuales rumanos del periodo de entreguerras. Miembro del influyente grupo Criterion, convivió con figuras como Mircea Eliade, Emil Cioran y Nae Ionescu, aunque su condición de judío lo situó pronto en los márgenes. Autor de novelas, teatro y ensayos, abordó con lucidez el conflicto de identidad y pertenencia en una Europa fracturada por el antisemitismo. Su obra más polémica, i Desde hace dos mil años /i (1934), incluía un prólogo abiertamente antisemita firmado por su mentor, que Sebastian decidió conservar. Publicó i Cómo me convertí en húligan /i como respuesta a quienes lo acusaron desde todos los frentes. Falleció trágicamente en mayo de 1945, poco antes de la entrada del Ejército Rojo en Bucarest.<br>
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