Resumen del libro
Avec son flair sans pareil pour dénicher des archives peu connues ou inconnues, avec sa façon de prendre les problèmes historiques à rebrousse-poil , c'est-à-dire avec un oeil totalement neuf par rapport à ses prédécesseurs historiens, avec aussi son sens du récit qui fait de la lecture de ses oeuvres un enchantement, Emmanuel de Waresquiel signe ici son second chef-d'oeuvre. Comme l'avait fait jadis Louis Aragon avec La Semaine sainte, (mais en insistant bien sûr sur l'aspect romanesque de l'événement), l'auteur choisit ici de raconter la face cachée, la face méconnue des Cent-Jours. S'il y a en effet pléthore de livres (rarement originaux, il faut bien le dire) sur le vol de l'aigle et sur les cent journées qui ont mené à Waterloo, il y en a peu sur la fuite de Louis XVIII vers Gand et sur la reconquête politique qui s'en est suivie. Fatigués par vingt ans de guerre (Révolution, campagnes napoléoniennes, défaites de 1812 et 1814, occupations alliées - surtout la prussienne), aspirant enfin à la concorde nationale, désireux de faire repartir la machine France, les Français sont dans leur majorité plutôt favorables à leur nouveau souverain (qui n'est plus, en tout état de cause, le roi absolu de jadis ). Louis XVIII, frère cadet de Louis XVI, n'est pas encore le monarque podagre que l'on connaîtra plus tard. Ce n'est pas un despote et une bonne partie de ceux qui font partie de son entourage sont des jeunes gens d'avenir : un Lamartine, un Géricault, et bien d'autres : quinze ans plus tard, ils seront la génération romantique. C'est à Gand (Pays-Bas autrichiens), proche de Paris que s'ébranle, le 21 mars, l'imposant cortège du roi : la cour, les ministres, une partie des chefs militaires ralliés à la Charte. Pendant que les vainqueurs (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie, etc.) continuent, à Vienne, à dessiner l'Europe nouvelle, les Français de Gand poursuivent les projets de réformes du pays. Le caractère clos de cette communauté immigrée pour un temps favorise une mentalité obsidionale : la brigue et l'intrigue jouent un rôle non négligeable. Unité de temps, de lieu et d'action, les éléments de la tragédie sont réunis, et pourtant la volonté des hommes de bonne volonté finira par l'emporter. En reconstituant, tel un cinéaste érudit, Emmanuel de Waresquiel nous fait pénétrer dans un monde bien mal connu et souvent mal jugé. Ces cent jours à l'envers sont vraiment la scène primitive de l'histoire de la France (et de l'Europe) au XIXe siècle : Napoléon eût été bien inspiré de rester à l'île d'Elbe ; mais avait-il le sens de la chose publique ?