Depuis que j'ai quitté l'Espagne en 1936, j'ai toujours vécu en état d'urgence" écrit Maria Casarès. D'où, sur les chemins de la mémoire, cette quête passionnée d'une identité égarée. D'où ce singulier voyage à la recherche des signes qui la révéleraient. Peu à peu tout resurgit : l'enfance galicienne, Madrid fatidique, la guerre civile et la fuite, l'apprentissage d'une nouvelle patrie, d'un autre langage, la guerre encore et l'exode, le conservatoire, les premiers succès au théâtre, le cinéma, les drames, les rencontres exceptionnelles... Et, parallèlement, comme la mer d'une vague l'autre, l'écriture s'amplifie, qui dessine les contours d'une vie, tandis que la phrase s'enracine dans le passé, la demeure des Charentes, le livre en cours. Ce texte - ou ce chant - superbe, exigeant, d'une extrême pudeur, nous dit les iniations successives - si particulières - propres à toute vie, l'envers et l'endroit des mots et des choses, l'ambiguïté des privilèges. La comédienne, devenue spectatrice d'elle même et du monde, met en scène une foule de personnages qui, soudain, traduisent le bruit et l'ironie, la ferveur et la violence d'une époque où chacun se reconnaîtra.
María Casares (A Coruña, 1922-Alloue, 1996) es una de las actrices imprescindibles del teatro y del cine europeos del siglo XX. Se formó como intérprete en Francia, país donde se vio obligada a exiliarse, junto a sus padres, como consecuencia del golpe de estado fascista de julio de 1936. Entre sus personajes inolvidables se encuentran Lady Macbeth, María Tudor, Medea, Yerma o Hécuba en teatro, y la mítica Princesa del filme Orfeo de Jean Cocteau; su voz es la narradora del cortometraje Guernica de Alain Resnais. El reconocimiento internacional de su figura representó el triunfo ético y cultural de nuestro exilio republicano. M.L.
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