Parce qu'elle était sans nouvelles de Gyl, qu'elle avait naguère aimé, la narratrice est partie sur ses traces. Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, Anne s'interroge sur cet homme qui, plutôt que de renoncer aux utopies auxquelles ils avaient cru, tente de construire sur les bords du Baïkal un nouveau monde idéal. A la faveur des rencontres dans le train et sur les quais, des paysages qui défilent et aussi de ses lectures, elle laisse vagabonder ses pensées, qui la renvoient sans cesse à la vieille dame qu'elle a laissée à Paris.
Clémence Barrot doit l'attendre sur son canapé rouge, au fond de l'appartement d'où elle ne sort guère. Elle brûle sans doute de connaître a suite des aventures d'Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, de Marion du Faouët qui, à la tête de sa troupe de brigands, redistribuait aux miséreux le fruit de ses rapines, et surtout de Milena Jesenska qui avait traversé la Moldau à la nage pour ne pas laisser attendre son amant.
Autour du destin de ces femmes libres, courageuses et rebelles, dont Anne lisait la vie à l'ancienne modiste, une belle complicité s'est tissée, faite de confidences et de souvenirs partagés. A mesure que se poursuit le voyage, les retrouvailles avec Gyl perdent de leur importance. Arrivée à son village, Anne ne cherchera même pas à le rencontrer... Dans le miroir que lui tend de son canapé rouge Clémence, l'éternelle amoureuse, elle a trouvé ce qui l'a entraînée si loin : les raisons de continuer, malgré les amours perdues, les révolutions ratées et le temps qui a passé.
Michèle Lesbre est née avec la seconde guerre mondiale. Après avoir étudié à Clermont-Ferrand, elle a commencé à enseigner en Auvergne, tout en militant à l'extrême gauche et en jouant dans des troupes de théâtre amateur. D'abord institutrice, puis directrice d'école maternelle, elle est venue vivre à Paris voici près de trente ans. Elle publie depuis 1991. Elle a rejoint le catalogue de Sabine Wespieser éditeur dès 2003.
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